Analyse multicritère des services écosystémiques et restauration participative des forêts. Cas du bassin de Béni Boufrah (Rif Central marocain)
- Derak, Mchich
- Jordi Cortina Segarra Director
- Lahcen Taïqui Co-director
Universidade de defensa: Universitat d'Alacant / Universidad de Alicante
Fecha de defensa: 23 de setembro de 2017
- Majida El Alami Presidente/a
- Jordi Cortina Segarra Secretario
- Samantha Waxman Dova Vogal
- Mohammed Ater Vogal
- Mohamed Messouli Vogal
- Younes Saoud Vogal
- Mohamed Yagoubi Vogal
Tipo: Tese
Resumo
La restauration écologique est l’une des mesures efficaces pour pallier à la dégradation du milieu naturel et pour améliorer la qualité de la vie humaine dans les zones semi-arides. Malgré cette importance reconnue, la restauration reste peu valorisée voire refusée par certains stakeholders (acteurs locaux). Dans la perspective d’augmenter les chances du succès de la restauration écologique, ce travail propose une approche multicritère et participative qui se base sur la prise de conscience collective du rôle de la restauration dans l’amélioration de la provision des services écosystémiques. Nous avons appliqué cette approche pour la zone de Béni Boufrah située au Rif Central marocain où la dégradation avancée des ressources naturelles justifie le recours à des interventions environnementales urgentes. Pour orienter le choix de ces interventions, nous avons considéré cinq options des usages du sol: les forêts de thuya (Tetraclinis articulata), les plantations du pin d’Alep (Pinus halepensis), les cultures d’amandier sur céréales, les champs du figuier de barbarie et le matorral bas. L’estimation des priorités d’intervention en termes de services écosystémiques a été faite de manière participative en considérant l’opinion de 67 stakeholders incluant 19 scientifiques et gestionnaires, 20 collaborateurs et 28 usagers directs des ressources naturelles. Il y avait une certaine convergence entre les trois groupes sur la nécessité d’accorder la priorité à la provision de l’eau et aux services de régulation et de soutien, plus particulièrement le contrôle de l’érosion, la régulation des inondations et le maintien de la fertilité du sol. Le niveau de cohérence cardinale et ordinale des jugements des scientifiques et gestionnaires était similaire à celui des collaborateurs et des usagers directs, ce qui prouve que les préférences de ces derniers sont assez précises qu’il ne faut pas les négliger dans la phase d’établissement des priorités. L’analyse multicritère des cinq usages à la base des 17 services a montré que les forêts de thuya constituent l’usage qui assure la provision globale des services écosystémiques la plus élevée, suivies du figuier de barbarie et des cultures d’amandier sur céréales. Le classement direct des usages du sol par les même stakeholders et les discussions menées lors d’un atelier participatif ont permis de valider les résultats de l’analyse multicritère et ont révélé que les stakeholders locaux étaient conscients de l’importance de la conservation et de la restauration des forêts du thuya quoiqu’ils préfèrent en premier lieu les interventions basées sur les cultures d’amandier sur céréales. Le classement direct a également montré que les plantations du pin d’Alep n’ont été que très faiblement appréciées par les trois groupes de stakeholders. Pour passer de la théorie à la pratique, nous avons mis en œuvre un projet de restauration participative du thuya dans une parcelle pilote d’un hectare sise dans la commune de Béni Boufrah. Le projet a un triple objectif : technique, social et éducatif. En total, 142 plants du thuya et 108 plants du lentisque ont été plantés par 90 participants représentant différentes composantes de la société. Seuls les agriculteurs restaient réticents à l’initiative. Deux ans après plantation, la parcelle n’a pas subi d’actes de pâturage ou de vandalisme et elle commence déjà à présenter des signaux d’amélioration du fonctionnement de l’écosystème. Nous pensons que la bonne mise en œuvre de l’approche multicritère et participative proposée passe par la disponibilité de données quantitatives sur les services écosystémiques évalués. Ces derniers requièrent l’adoption d’un langage bien adapté à l’ensemble des acteurs concernés. Nous pensons aussi que l’application de cette approche à une échelle plus grande par l’administration forestière permettrait d’améliorer les niveaux d’acceptation, de réussite et de durabilité des actions de restauration.